Qui sait d'où vient un tableau et plus, son créateur, bien malin qui le sait.
C'est un enchevêtrement confus d'histoires en mouvement, la sienne et celle des autres, d'apprentissages et de connaissances aléatoires.
Bon si il faut, pour se rassurer, une biographie, allons dans une chronologie simple.
D’où vient-il ?
En plus d’un penchant naturel, il a eu ses premiers contacts avec la peinture grâce à une mère qui suivait les cours de l’école du Louvre et qui l’amenait avec elle le plus souvent possible. Grâce aussi à un arrière-grand-père, militaire colonial et qui avait la peinture pour passe-temps. Les murs de la maison de famille étaient couverts de ses toiles exotiques, propres à stimuler l’imagination d’un petit garçon curieux.
Plus tard, dans sa quinzième année, la lecture des livres biographiques de Perruchot, sur Manet, Toulouse-Lautrec, Van Gogh et surtout Cézanne achevèrent d’enthousiasmer Jean-François pour l’univers de la peinture et autres arts, d’autant que déjà les marges et pages blanches de ses cahiers de classe, les murs de sa chambre, se couvraient de dessins et tableaux.
Jean-François Ganas entre à l’académie Charpentier (Montparnasse) dès la fin de ses études secondaires, puis, un an plus tard, en 1977, à l’école des beaux-arts de Bordeaux. Il y reste deux années, les cours alors dispensés ne correspondant que très peu à son attente, nous sommes en pleine période de l’art conceptuel. Malgré cela, il entre en contact avec la modernité, s’ouvre à l’abstraction (à laquelle il s’essaiera pendant une courte période) qui reste une grande passion, malgré le fait que son chemin personnel se trace dans la réalité.
Il intègre alors le CIRT (Centre International de Restauration de Tableaux) pour quatre années.
Il enrichit alors son savoir-faire et sa connaissance en histoire de l’art dans la science des matériaux anciens et actuels, il se passionne particulièrement pour les primitifs florentins et les peintres flamands du xviie siècle ; il finira d’ailleurs ses études de restaurateur de tableaux par une série de stages à Amsterdam, Bruxelles et Florence.
Sont alors posés les deux socles de la peinture de Jean-Francois Ganas, la modernité des compositions et le classicisme d’une réalité abordée sans tentative de mise en scène personnelle. Commence alors une période de vingt-cinq années, au cours desquelles Ganas mène une vie de restaurateur de tableaux, à Bordeaux tout d’abord, où il travaille notamment pour les bâtiments de France, pour qui il restaure les tableaux des églises de Guitre, Cenon, Blanquefort, La Teste, puis en Provence où il prend la direction du CIRT, puis crée ART PLUS, centre de formation au métier de restaurateur de tableaux, à Tarascon.
Parallèlement il travaille à mi-temps à sa création personnelle, dans un style surréaliste puis réaliste. En 1994, il s’installe à Ménerbes, dans le Luberon, où il passera onze années, consacrées de plus en plus à son travail personnel. Il y côtoie Joe Downing, peintre abstrait d’origine américaine. La philosophie de vie de celui-ci, ainsi que son approche du « métier de peintre » auront sur Ganas une grande influence. En résumé, il n’y a pas de salut en dehors d’un travail le plus personnel possible, il n’y a pas d’art en dehors de l’atelier. Il découvre le travail du pastel.
Ganas s’installe en 2005 à Paris, où il se consacre exclusivement à la peinture. Il essaie de se situer dans la lignée de Lucian Freud et de Gerhard Richter, le premier pour l’approche très individuelle du réalisme, le second pour l’éclectisme de sa démarche qui sonne la fin de l’artiste « plasticien » univalent au savoir faire copyrighté, posant en avant, une nouvelle fois dans l’histoire de l’art, l’artiste comme un être social, cependant indépendant des règles insidieuses qui tendent à l’asservir. La liberté avant tout, les arts comme dernier rempart, un ilôt, une référence. Jean-François Ganas, nourrit sa peinture de la littérature, la basant sur la déconstruction expérimentée par Jacques Derrida, l’enrichissant d’un fourmillement pluriculturel tel que le vit Philippe Sollers. Le réalisme de Ganas est autant celui des idées que des images.
Depuis sa naissance en Aquitaine, Jean-François a toujours gardé le contact avec le Pays basque maternel et y séjourne régulièrement. Par ailleurs le Maroc fait désormais partie de son inspiration sur les traces de Delacroix et de l’orient éternel. En outre, collectionneur d’art berbère depuis 30 ans, il travaille actuellement à la valorisation de sa collection qui pourrait se concrétiser par la création d’une maison dédiée à l’art berbère. En effet, cet art populaire se caractérise par une expression graphique, abstraite et symbolique, hautement développée quelque soit le support : poterie, textile, tapis, objets usuels, qui ne peut qu’intriguer tout amateur d’art par ses lignes épurées et sa gamme chromatique restreinte et pourtant éternellement réinventée.